Une étude anglaise révèle qu'une personne sur seize est prête à arrêter ses ébats sexuels si un appel venait de son téléphone mobile. Mobilou.com a coincé quelques écouteurs avertis.

J'envie la nouvelle génération. De mon temps la bagatelle c'était pas le genre de la maison. La copulation existait, certes. Puisqu'un jour ou l'autre on avait droit aux mains boudinées d'un môme qui nous faisait tourner la tête en tripotant le cadran à dix trous. Nous étions souvent parqués dans le couloir d'entrée du domicile. Les parties de jambes en l'air de nos proprios étaient à peine perceptibles. La machine à laver était souvent en route. Mon frère a eu plus de chance. Vingt ans dans une chambre d'un hôtel international, ça laisse rêveur. Le sexe, il en a entendu parler dans toutes les langues.

Mes concepteurs ont eu l'idée ingénieuse de couper le cordon en tire-bouchon familial d'un poste fixe. J'étais enfin émancipé. Mon propriétaire pouvait ainsi me trimballer dans chaque pièce de son domicile. On peut dire que j'étais aux premières loges quand le sexe était de la partie. Parfois, je participais à cette excitation ambiante quand mon proprio voulait me mettre la main dessus. Ça le rendait complètement fou.

Evidemment mon ancêtre Téléfon a du entendre des obscénités dans l'écouteur. Mais c'était trop intime à mon goût dans le sens où ça se produisait à domicile. Moi, je brise l'interdit. Je suis exhibitionniste à toute heure même si le sexe est effleuré par petite touche. J'ai des rapports physiques avec mon possesseur dans le train, l'ascenseur et souvent en voiture. Je joue le rôle de dominateur. Il se soumet à mes moindres caprices sonores. Essouflé, il est obligé de me recharger. La prise électrique c'est mon vibromasseur. Quand son intime l'appelle, nous formons un trio sensuel. J'ai peu de tabous en somme, sauf peut-être quand l'étude anglaise révèle que 1 personne sur trois discute avec son portable aux toilettes. Je confirme que mon proprio à l'indélicatesse de m'imprégner d'odeur malodorante. Beurk !

Nous la génération UMTS on va leur exploser la tête. C'est évident qu'ils ne pourront plus se passer de nous. Le haut débit ça nous connaît. On est performant sur toute la ligne. Des bombes sexuelles, il suffit de télécharger. A côté de leur partenaire réel, nos propriétaires vont être d'un ridicule affligeant. Les laiderons c'est pas notre genre. Les opérateurs le disent : l'UMTS c'est le top ! Vos semblables répètent souvent qu'il vaut mieux être seul(e) que mal accompagné(e). Je confirme qu'une bonne branlette c'est plus éclatant qu'un mauvais coup. Et côté coût avec l'UMTS vous allez vous faire plaisir. Le virtuel c'est l'avenir de l'individu. Les mésaventures c'est terminées sauf peut-être un petit virus relégué au rang des mycoses. Ça vous démangera au point de changer de mobilou UMTS. Et la sexualité dans tout ça me direz-vous ? On dira plus c'est mécanique, mais électronique.

Phil Marso (29 mars 2001)