Agir pour l'environnement

« BRAQUAGE DE NEURONES ! TU MEURS ? » de Phil Marso - Ed Megacom-ik

Le 1er livre sur la prévention des dangers du téléphone portable pour les ados

Sortie le 6 février 2009 - Disponible en librairie - Communiqué de presse

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« Allo ! Le relais santé publique ne passe plus, c'est grave docteur ? »

Lors de la 1ère journée planétaire sans téléphone mobile le 6 février 2001, les associations m'ont reprochées de ne pas aborder l'aspect sanitaire à propos des antennes relais GSM. Il est vrai que je n'avais pas assez d'informations sur le sujet. Depuis, j'ai assisté à quelques réunions de la campagne "Insupportable relais GSM ! ? ! ?". Stéphen Kerckhove représentant de l'association "Agir pour l'environnement" et coordinateur de la campagne explique les enjeux sanitaires dans les années à venir à travers une réglementation qui n'est toujours pas diagnostiquée.

Ton association a-t-elle pour but "d'Agir pour l'environnement" politique des verts ?

Stéphen Kerckhove : Pas vraiment ! T'avais un comité de pilotage essentiellement composé de vert à l'époque de la création de "Agir pour l'environnement". Nous étions les seuls à nous préoccuper de l'environnement. Aujourd'hui c'est un peu plus large même s'il y a toujours une forte base qui est encarté chez les écologistes. On espère dépasser ce microcosme. Si notre association ne parle qu'aux verts cela ne va pas faire grand monde.

Ah, peut-être qu'aux prochaines élections présidentielles il y aura plus de monde.

S.K. : Ouais ! Vu que ce n'est pas un parti majoritaire aujourd'hui globalement on ne va pas avancer.

Est-ce un coup de fil anonyme qui t'on alerté sur les méfaits sanitaires des riverains proches d'un pylône relais GSM ?

S.K. : Non ! On a eu des appels de particuliers inquiets. On essaye de répondre dans la mesure de nos connaissances techniques qui sont assez limitées. Normal ! Ceux qui savent aujourd'hui répondre ce sont des scientifiques extrêmement pointus qui ne savent pas encore ou ce sont des personnes rémunérées par les opérateurs.

Depuis quand "Agir pour l'environnement" s'inquiète des pylônes relais GSM ?

S.K. : En septembre 2000 on a commencé à se former pour mener une campagne.

En février dernier tu lances conjointement avec d'autres associations la campagne "Insupportables, les antennes relais ?!?". Alors comme ça vous êtes fâché avec ces populations "high-tech" de 30 000 antennes qui squattent les toits ?

S.K. : Ce sont plutôt les opérateurs qui sont fâchés avec nous. En réalité je n'ai pas à être contrarié par des industriels qui jouent leur rôle à savoir implanter des antennes relais pour augmenter le nombre d'appels afin de grossir leur bénéfice. Maintenant quel est l'objectif des pouvoirs publics pour réglementer cet état de fait. Et là, nous sommes fâchés puisqu'il n'existe pas de réglementation. A moyen terme il va avoir une réglementation minimaliste adoptée et l'on va continuer à implanter des antennes relais. Chacun a son rôle. Agir pour l'environnement a le souci d'interpeller.

Peut-on quantifier à court terme le nombre d'antennes relais par rapport à la population qui utilise le téléphone mobile ?

S.K. : Plus il y a d'utilisateurs, plus il y aura d'antenne. On a dissocié les deux questions bien qu'elles posent les mêmes problèmes sanitaires. Aujourd'hui le portable est un risque assumé individuellement. L'antenne relais GSM est un risque imposé collectivement. En clair, on choisit son portable, pas l'antenne sur son toit. Il y a donc deux approches. L'un concernant l'éducation qui consiste à dire "faîtes gaffe" quand vous utilisez un portable longtemps. L'autre est plus une approche politique. On réglemente l'implantation parce que les riverains n'ont pas choisi l'implantation de cette antenne chez eux. Il s'avère que cela peut devenir dangereux.

On s'aperçoit qu'il est difficile de faire pression auprès des opérateurs. La stratégie de ton association est d'informer les maires de France. Sachant, que n'importe quel contribuable peut demander des comptes au maire en place. As-tu trouvé un bouc-émissaire ou un véritable allié dans la responsabilité du maire ?

S.K. : La politique des antennes relais en France c'est construite dans le flou. Personne n'avait de certitude scientifique. On se retrouve avec des modalités de décision qui contourne, mais n'aborde pas l'aspect sanitaire. Lorsqu'un opérateur doit implanter une antenne relais, il doit faire une demande auprès de l'Agence des Fréquences pour l'utilisation de la gamme des fréquences. Il doit aussi contacter le maire pour la conformité avec le plan d'occupation des sols. A aucun moment, l'opérateur fait une demande auprès du ministère de la santé pour savoir si c'est dangereux d'installer dix-sept antennes sur le même toit. On se retrouve devant une difficulté conceptuelle c'est de dire : qui va être responsable le jour où il y aura un incident ? Personne à l'air de se préoccuper de la santé des populations. On ne se pose même pas la question.

C'est un peu comme l'amiante ?

S.K. : Voilà, on n'aborde pas le problème donc il n'y a pas de responsable. Sauf, qu'il y a des associations qui se mobilisent pour signifier : " Attention ! Il y a peut-être un problème. " Il y a des députés qui déposent une proposition de loi en disant la même chose. Le gouvernement légifère par ordonnance afin de contourner le parlement. Il va y avoir donc des responsabilités qui vont être clairement définies.

Il me semble que ton association a demandé que les antennes relais soient camouflées pour ne pas gâcher le paysage. N'est-ce pas un souhait insidieux dans la mesure où on ne pourra plus se rendre compte de la présence sur son propre toit d'un pylône relais ?

S.K. : Ce problème se pose sous trois angles. L'aspect démocratique quand on impose une implantation sans en parler à la population. L'esthétique rentre en jeu quand il y a démultiplication du nombre d'antennes. On perturbe l'image de l'habitat. Il y a évidemment le côté sanitaire. Euh… C'était quoi la question ?

"Agir pour l'environnement" demande de planquer les antennes. Si l'habitant ne les repère pas, le malaise va être plus grand.

S.K. : Bien sûr ! La principale demande de la campagne "Insupportable" est de diffuser la cartographie des implantations afin que la population en soit informée. Aujourd'hui, il y a 60-70% des antennes qui ne sont pas visibles.

Ah bon, à ce point-là ?

S.K. : A part les militants qui passent leur temps à regarder les toits peu de monde s'en souci. Seul les habitants du dernier étage d'un immeuble s'en préoccupent. Réclamer une cartographie c'est faire prendre conscience aux personnes qu'ils habitent autour de beaucoup d'antennes. Passer cette info mobilisera la population. C'est la même problématique de la carte des points noirs du bruit. Les gens perçoivent qu'il y a du bruit mais ne prennent pas conscience qu'ils sont dans une zone sonore très accidentelle.

A travers la campagne "Insupportables antennes relais ?!?" On sent le souci d'imposer une réglementation plus stricte en matière d'installation. Mais on ne souhaite pas une diminution du parc "antennes relais" dans l'hexagone. Est-ce une orientation voulue faute de n'avoir pas assez de recul en matière de santé publique ?

S.K. : On s'est posé la question en amont. Faut-il démultiplier le nombre d'antenne pour avoir une qualité d'émission et de réception dans des zones closes ? .Doit-on donner l'autorisation aux opérateurs d'installer plus d'antenne et d'accroître les puissances d'une manière conséquente juste pour le bénéfice d'un petit nombre qui désire téléphoner dans un ascenseur ou au fond d'un parking ? On doit savoir le coût, les conséquences de cette demande et trancher. Malheureusement personne ne prend de décision. Les opérateurs continuent d'installer sans ménagement.

Est-ce si difficile de s'y opposer ?

S.K. Bouygues est confronté à cette opposition dans un village. Les habitants ne souhaitent pas prendre de risque par l'installation d'une antenne au milieu du village. Bouygues concède cette préoccupation et rétorque dans ce cas-là : vous pourrez réceptionner vos appels uniquement à l'extérieur de votre habitation. "Agir pour l'environnement" propose de faire un référendum.

L'agence des fréquences reste-elle votre bête noire concernant la non visibilité, la non transparence des 30 000 antennes relais déjà installées en France ?

S.K. : C'est notre bête noire ! Les institutions parapubliques qui jouent le rôle de lobby pro-opérateurs au bout d'un moment c'est agaçant. Le fait de revêtir l'habit de scientifique ou de personne qualifiée uniquement pour imposer son point de vue n'est pas acceptable. Non pas qu'il nous refuse la divulgation de la carte des implantations. L'agence des fréquences autorise l'installation. Ils ont élaboré un protocole des normes extrêmement élevé et font les mesures. On se retrouve ainsi dans une situation où c'est toujours le même interlocuteur qui fait tout. Ce contexte ne va pas remettre en cause un jugement de l'agence des fréquences alors qu'il l'a émis une autorisation favorable.

L'Agence des Fréquences dépend des pouvoirs publics ?

S.K. : C'est sous tutelle du ministère de l'industrie qui en même temps négocie les licences UMTS. Il y donc d'autres critères hors sanitaire. Aujourd'hui, il y a d'autres structures tel que l'Agence Santé Environnement (INERIS) qui est en construction. Elle peut maîtriser la question sanitaire. Il y a une lettre de l'Agence des Fréquences signé par son président qui stipule que globalement on ne doit pas prendre pour argent comptant les conclusions du rapport Smirou. On croit rêver ! Alors que cet organisme n'a aucune compétence sanitaire pour déjuger un rapport scientifique issu du ministère de la santé.

L'agence des Fréquences se positionne favorablement aux industriels. Faudra-t-il attendre que l'industrie des télécommunications se fasse taper sur les doigts pour enfin réagir à l'aspect sanitaire ?

S.K. : Oui ! Il faudrait une structure indépendante. Quand l'Agence des fréquences a pour mission d'autoriser les gammes de fréquences et éviter les parasitage ! Si elle sort de cette mission il y a faute. Eh bien apparemment ce n'est pas le cas. Elle se permet d'envoyer un courrier à l'ensemble des maires. Ce n'est pas anodin puisque les maires prennent un maximum d'arrêtés. L'agence des fréquences s'était évertuée à ne pas réglementer les implantations comme cela elle était tranquille. Les maires font leur travail à leur place par les arrêtés.

Les élections présidentielles ne pourraient-elles pas changer l'attitude de cette administration ?

S.K. : Non ! Le président de l'agence des fréquences est un ancien militaire qui travaillait sur les radars. Ça s'auto-reproduit. Au ministère de l'industrie il y a un paquet de personnel qui travaillait aux télécoms.

C'est un peu comme l'A.R.T :

S.K. : Oui ! Tout ce personnel qui est passé d'un secteur à un autre pense que c'est la même chose. Sauf qu'à un moment donné on doit œuvrer pour l'intérêt public afin de se poser des questions sur le plan sanitaire. Aujourd'hui, rien n'est fait dans ce sens là. Le ministère de la santé y planche un peu mais est en porte à faux avec le ministère de l'industrie.

J'ai remarqué que des antennes relais sont basées sur des terrains publics, tel que les terrains SNCF, les châteaux d'eau des communes. Votre campagne ne s'attaque pas à cette réalité, est-ce de crainte d'affronter des entreprises publiques ?

S.K. : On s'attaque aux H.L.M.

Oui, mais sur les terrains de la SNCF il y a un paquet d'antennes.

S.K. : On n'a pas dissocié les lieux d'implantations sur des territoires publics ou privés. On s'attaque plus à ce que chaque antenne soit issue d'un débat ou d'une autorisation. Les antennes qui font moins de 4 m n'existent pas, mis à part à l'agence des fréquences. Tu installes une antenne -4 m, le maire n'est même pas au courant. Les opérateurs construisent des antennes à 3,95 m. A St Maur, une antenne faisait plus de 4 m. L'opérateur a prouvé que seule la dimension de l'antenne comptait, mais pas le mat.

Un peu comme on mesure quelqu'un qui a une tignasse volumineuse

S.K. : Ouais ! L'opérateur a considéré que le pied du mât ne comptait pas dans la mesure des 4 m. Ainsi, il n'avait pas besoin de faire une demande d'autorisation. Il y a toute une amélioration réglementaire à obtenir. C'est plus compliqué dans le cadre d'un bâtiment public puisque c'est le maire qui a donné son accord. Il est difficile pour un maire de se déjuger.

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A propos de l'installation des antennes relais, l'opérateur aurait tendance à se dégager de ses responsabilité en déléguant cette tâche à des entreprises sous-traitantes. Ce risque ne va-t-il pas compliquer les procédures judiciaires dans l'avenir ?

S.K. : Quand le problème sanitaire est clairement posé, on multiplie les intervenants pour noyer le poisson. Ce sont les opérateurs qui compressent les effectifs, le budget afin que ça soit plus rentable.Il faudrait qu'un opérateur s'occupe uniquement des communications. Une société devrait être chargée de l'installation des antennes relais GSM. On arrive alors à la pertinence de trois systèmes d'antennes relais mit en parallèles (SFR, Bouygues, Orange).

Tu regrettes que l'état n'a pas eu le réflexe d'imposer qu'un seul relais pour tous les trois opérateurs en France ?

S.K. : Oui, on saurait peut-être aujourd'hui à 10 000 antennes au lieu des 30 000 installées. Cégétel a par exemple loué le réseau filaire existant de France Télécom. Si Cégétel aurait dû développer son propre réseau le coût aurait été exorbitant. On a pas eu cette présence d'esprit au niveau du téléphone mobile.

Si on met trois opérateurs sur une même antenne, il faudra forcément augmenter la puissance.

S.K. : C'est clair ! On diminue néanmoins le parc d'antenne en France. On met en place une instance publique pour gérer les problèmes sanitaires. Aujourd'hui, on a démultiplié les opérateurs. Résultat, on ne sait pas qui est responsable.

Tu as été reçu par les différents opérateurs. Peux-tu me faire un bilan, à savoir quels sont les bons ou mauvais élèves à l'entame de ce 4ème trimestre ?

S.K. : Les gentils et les méchants ?

Le bien et le mal !

S.K. : Bouygues Telécom a cherché à paraître pendant trois réunions. Il voulait que l'on instrumentalise les luttes locales. Du style, Agir pour l'environnement a rencontré Bouygues Telecom. On a négocié. Maintenant vous vous taisez. L'opérateur n'a pas compris la stratégie associative. On relait les luttes locales auprès du propriétaire de l'antenne GSM. SFR nous a reçu une fois. On est venu avec notre point de vue scientifique. Ils nous ont dit que leur propre scientifique certifiait qu'il n'y avait pas de danger. Quant à France Telecom c'est le service public qui œuvre pour l'intérêt général. Ils n'ont donc pas besoin de recevoir des associations non identifiées entre l'état et les opérateurs.

Le gouvernement vient de déclarer qu'il va revoir le prix à la baisse les licences UMTS. Ceci ne doit pas te réjouir?

S.K. : Ben….

Les opérateurs vont faire des économies. On pourrait espérer qu'ils mettent de l'argent dans le principe de précaution de santé.

S.K. : C'est de l'utopie. La campagne a aussi débuté parce qu'on allait avoir avec l'UMTS quelques milliers d'antennes en plus. Sachant que les deux réseaux vont être mit en parallèles pendant plusieurs années. Logiquement on n'a jamais créé un outil et le besoin après. Pendant l'été, Vivendi Universal a lancé le walkman à une oreille. On peut écouter de la musique sur son portable. Sauf que ça existe déjà sans avoir besoin de téléphoner et c'est gratuit ! Ils vont aussi insérer la télévision par un écran de 2 cm/2 cm on pourra surfer sur le net et envoyer des e.mail. Les internautes sont habitués à un écran plus large. Si on veut imposer l'UMTS pour un service moindre cela ne fonctionnera pas.

En tout cas aujourd'hui, les actionnaires sont contents. Les titres des opérateurs ont augmenté de 10% suite à l'annonce du gouvernement.

S.K. : C'est une logique financière. Il pensait perdre 100 milliards, ils en perdent 80. C'est encore du court terme. On verra dans dix ans, si le fait de développer un nouveau réseau avec le coût induit des antennes relais va faire que cela va être rentable rapidement.

L'UMTS va utiliser des fréquences plus puissantes.

S.K. : 2400 MGZ ! On arrive vers des bandes de fréquences qui sont utilisées par les micro-ondes. Soit on se donne les moyens de maîtriser le sanitaire et ses conséquences, soit on continu comme si de rien était.

Agir pour l'environnement a-t-il contacté des syndicats concernant le personnel qui installe les antennes relais ? Ne serait-ce pas un moyen pour cour-circuiter les opérateurs ?

S.K. : Oui ! Sud Ptt avait un administrateur à l'instance qui aborde l'hygiène et la sécurité à France Télecom. Il posait régulièrement des questions. L'opérateur n'a pas la même attitude envers le client et son personnel. Le travailleur au sein de cette entreprise à une capacité plus grande à ce mobiliser. Ceci va se traduire par des normes de sécurité à proximité des antennes parce qu'il y a des effets thermiques. Apparemment France Télécom sur les implantations n'a pas le même point de vu vis à vis des habitants.

Les verts participent au gouvernement de Jospin. Il y a eu Dominique Voynet, maintenant Yves Cochet au Ministère de l'environnement. Est-ce un appui incontournable pour faire avancer votre combat ?

S.K. : Objectivement ! Du temps de Voynet, il y a quelqu'un qui est venu pour plancher sur l'aspect débat public incluant dans la nouvelle circulaire par une ouverture aux associations. Ça c'est positif. On aimerait bien rencontrer Yves Cochet.

Nous allons entrer dans une période d'élection importante. Est-ce que vos revendications ne risque-elles pas d'être traité aux abonnés absents ?

S.K. : C'est clair ! On demande que la proposition de loi arrive rapidement à l'assemblée de façon de ne pas être parasité par la campagne Présidentielle 2002. Période où il y aura fort peut de propositions radicales. Surtout quand il y a TF1, Canal + et M6 qui sont dans le jeu des opérateurs. Le fait que le gouvernement baisse les prix sur les licences UMTS, n'est pas sans conséquences pour les antennes relais. S'ils ont su négocier, il n'est pas exclu qu'ils demanderont une réglementation plus souple.

N'est-ce pas déjà trop tard ?

S.K. : On va rester vigilant entre le 25 et le 30 juillet car chaque année il y a des décisions importantes qui sont prises. En 1998-99 ce sont les OGM. En 2001, c'était une ordonnance qui permet au gouvernement de transcrire la recommandation européenne avec des seuils de carences thermique de 41-58 volts. Ils semblent que pour eux les carences thermiques n'exitent pas. Il y a une circulaire qui contourne le parlement et qui prend aussi position sur les arrêtés ordonnés par les maires. Là, on va moins rigoler.

Le maire ne pourra donc plus contester selon les normes inscrites dans la future réglementation ?

S.K. : On peut s'inscrire dans le mieux disant environnemental. Il y a une réduction du temps de travail cela n'empêche pas à des maires de passer à 32h. A partir du moment où l'on dit qu'une antenne relais ne doit pas être installée à moins de 100m d'une habitation sensible. Pourquoi le maire ne pourrait pas dire qu'il souhaite protéger plus ses contribuables en dépassant cette mesure.

Cela va être un très long combat de procédure juridique ?

S.K. : On n'aimerait bien. Seulement, une fois que la circulaire est envoyée au maire. Ils ne peuvent plus rien faire.

Il faudrait donc un cas extrême sur la détérioration de santé d'un citoyen pour remettre en cause la réglementation?

S.K. : Ils vont toujours se débrouiller pour conclure que c'est un effet cumulatif. S'il y un cancer, c'est à cause du tabac etc.… Je pense que les antennes relais ne provoquent à elle seule un cancer. Ceci l'enclenche peut-être.

J'ai participé à plusieurs de vos réunions en simple observateur. A chaque fois la sonnerie d'un téléphone mobile s'est fait remarquer. N'est-ce pas contradictoire avec le combat que vous menez ?

S.K. : Ils ont été exclus ! On est pas contre le téléphone mobile et les antennes relais. Simplement on dit qu'il faut savoir utiliser cet outil de communication d'une manière citoyenne.

J'imagine que les opérateurs doivent rigoler quand vous vous pointez à leur réunion, munit d'un téléphone mobile.

S.K. : Les opérateurs sont plus cyniques. Ils essayent de nous enfermer dans une position anti-science, anti-progrès. Sauf que ce n'est pas cas. On trouve que le portable est utile dans certain cas de figure. En revanche, il ne faut pas enlever toutes les cabines téléphoniques pour prouver l'utilité du portable.

Agir pour l'environnement s'intéresse plus aux antennes relais que le reste ?

S.K. : On n'a pas un rôle d'information, mais d'interpellation des pouvoirs publics. On ne se bat pas contre l'achat du portable. C'est ton droit. On veut sur l'emballage des modalités d'utilisation du portable. Aujourd'hui ce n'est pas le cas. La campagne "Insupportable" a pour but d'obtenir une réglementation. C'est complètement délirant !

La campagne "Insupportables les antennes relais ?!?" a sans aucun doute une efficacité en matière juridique. Mais n'envisagez-vous pas de faire comme José Bové, démonter un pylône relais pour faire réagir davantage l'opinion publique ?

S.K. : Nous n'avons pas de moustache à "Agir pour l'environnement". Nous ne serons pas José Bové. Je conseille aux opérateurs de mettre des barbelés autour de leur antenne. Imposé une antenne relais sur le toit d'un copropriétaire qui a passé sa vie à acheter un appartement et qui se trouve soumis à des émissions, des maux de tête, des conséquences sanitaires indéniables. Il risque d'avoir des conflits plus grave si le gouvernement ne légifère pas en faveur des habitants.

Il est envisagé éventuellement de faire baisser les loyers aux locataires du dernier étage où se trouve une antenne relais. Est-ce une piste ?

S.K. : C'est une façon de casser le contrat. Les organismes HLM récupèrent 10 à 20 000 f par antenne installée. Si en plus, ils doivent baisser les loyers des derniers étages. A moyen terme c'est anti-économique.

Votre campagne ne devrait-elle pas englober tous les objets qui touchent à l'électromagnétisme : pylône électrique, boucle locale, ordinateur, mico-ondes ?

S.K. : On a été confronté à cet aspect paradoxal. On a extrait de la bande magnétique deux utilisations qui étaient le portable (900 & 1800 Mgz) et les antennes relais (217 Hz). Soit on s'attaque à tout. Malheureusement "Agir pour l'environnement" est une association avec peu de moyen. Si les antennes relais permettent une interpellation globale sur les champs électromagnétismes : ordinateur, pylône EDF etc.… Tant mieux !

Concernant les lignes électriques de hautes tensions, elles sont enterrées aux Etats-Unis. Ne pourrait-on pas imaginer un deuxième accès en dehors des radiofréquences puisqu'on sait aujourd'hui que l'électromagnétisme peut agir sur la santé humaine ?

S.K. : C'est le téléphone filaire.

Disons une troisième voie, la fibre optique. Enfin, c'est peut-être une question que l'on doit poser aux opérateurs ?

S.K. : Non, les opérateurs n'ont qu'un seul but, c'est de développer leur réseau. La pertinence c'est de laisser gérer le filaire et l'électromagnétisme par la société "Orange" (France Télécom). C'est contradictoire. A chaque fois que l'on implante une antenne relais GSM, même si cela n'est pas affirmé comme tel, l'objectif reste de supprimer les cabines téléphoniques.

Le filaire ne va pas disparaître à cause du haut débit d'Internet.

S.K. : Chez soi, comment des gens peuvent acheter un téléphone mobile uniquement pour économiser l'abonnement. Les abonnements seront bientôt soumis à la concurrence. Le filaire restera avantageux car les infrastructures existent déjà.

Jospin a décidé il y a quelques mois d'obliger les opérateurs à couvrir la Lozère, département épargné par les antennes relais GSM. Est-ce une sage décision ?

S.K. : Ça nous a énervé ! On est dans même logique de l'UMTS. Les opérateurs arrivent avec leur quelque dizaine de milliards et exigent une négociation sur les implantations. Une nouvelle fois le gouvernement négocie au rabais. Les opérateurs obtiennent des financements des pouvoirs publics sans contrepartie.

Ah bon, ils sont financés ?

S.K. Oui ! Les conseils généraux vont y contribuer. L'état va donc donner son aval pour financer des implantations d'antennes qui se trouveront peut-être sur le toit d'une école.

C'est d'un cynisme redoutable.

S.K. : Les opérateurs se couvrent avec la nouvelle loi qui stipule qu'ils doivent rayonner sur toute la France. Ils savent très bien que la Lozère n'est pas rentable. Là c'est la logique d'aménagement du territoire qui s'oppose au sanitaire. Est-ce utile d'inonder tout l'ensemble d'une population pour satisfaire vingt-sept utilisateurs ?

Une loi sur la réglementation est en préparation. Est-ce qu'il y a des points d'échauffements mis à part que le gouvernement va contourner le parlement ?

S.K. : On a soutenu à bout de bras les propositions du parlement notamment lors de la conférence de consensus. Le gouvernement entre juillet-septembre a tout fait pour contourner la loi par des circulaires et par des décrets d'applications. Conclusion, la loi est vide de sens.

Il faudra envisager d'en présenter une nouvelle ?

S.K. : Les zones d'exclusions, les seuils, l'analyse après l'installation de l'antenne n'est toujours pas précisé dans la circulaire. C'est d'une telle transparence qu'on n'en sait pas plus sur le projet de la circulaire. Nous sommes pourtant une dizaine d'associations nationales à avoir travaillé sur le sujet.

Vous n'êtes donc pas consulté ?

S.K. : Si, jusqu'au moment où le gouvernement a commencé par contourner le parlement. Il y a trois semaines on a pris rendez-vous avec le ministère de la santé. Apparemment, il n'existe plus. On s'inquiète quand on a plus de nouvelles.

Pourquoi n'organisez-vous pas une manifestation nationale afin de prendre à témoin l'opinion publique ?

S.K. : Le jour où la circulaire du gouvernement va sortir. On va sans doute hurler pour sa non-transparence. On se greffera sur des manifestations, si des locataires, propriétaires se mobilisent localement.

Alors, la manif ce n'est pas pour demain ?

S.K. : La journée planétaire sans téléphone portable que t'a lancé peut-être un bon support de sensibilisation pour l'année prochaine. Il faut un boulot d'information. L'état ne le fait pas. Comment fait-on ? La journée sans portable permettra d'accrocher un discours à côté.

Propos recueillis par Phil Marso (26 octobre 2001)

Site : Agir pour l'Environnement

© MEGACOM-IK & Phil Marso / 2007 - . Si vous détectez des fautes d'orthographes dans cette interview, veuillez prévenir l'auteur Phil Marso.Merci d'avance ! - Lire d'autres interviews.

 
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